Le chauffeur de tuk-tuk est jeune, peut-être une vingtaine d’années, et voyant que nous grimpons à cinq et que nous sommes plutôt joyeux, il ne peut s’empêcher de nous remuer dans son tuk-tuk, en zigzaguant, accélérant et freinant brutalement, pour tenter (maladroitement) de participer à l’ambiance générale. Mais à cinq dans un tuk-tuk, se faire chahuter de la sorte rend les choses encore plus compliquées et inconfortables, nous sommes donc obligés de lui demander d’arrêter et d’aller simplement à notre destination, dont notre seule description est "un boulevard bordé par un grand parc". Nous sommes censés y trouver un quartier parsemé de bars sympas.
Une fois sur place c’est le désert ! Djé et Chris descendent les premiers du tuk-tuk et vont parler à un autre chauffeur de tuk-tuk qui attend là. A peu près du même âge que notre chauffeur, ils essaient de lui demander notre chemin. Au lieu de nous l’indiquer, il propose de nous guider avec son tuk-tuk vers un endroit de sa connaissance.
Nous arrivons dans un coin du quartier de Pat Pong, qui paraît un peu glauque. Finalement, nous avons atterri devant l’entrée d’un Ping-Pong Show clandestin, au pied d’un ensemble d’immeubles. Des locaux et des touristes entrent et sortent de l’endroit. Nous avions bien sûr entendu parler de ce genre d’endroit mais de là à écouter notre curiosité, il reste un pas à franchir. Le maître des lieux prend Max par les épaules et l’invite à entrer pour visiter. Peu après ils reviennent et Max confirme, c’est bien un Ping Pong Show, pas de doutes. En même temps, on n’en doutait pas...
Loin de la rue des bars festifs à laquelle nous nous attendions, nous repartons avec notre tuk-tuk, en espérant que notre guide, un petit caïd gringalet, va nous lâcher, car il n’a pas l’air de saisir ce que nous souhaitons comme ambiance. Pas de chance, ces gens sont persévérants et ne lâchent pas un client comme ça, surtout quand ceux-ci peuvent leur rapporter une commission. Nous sommes contraints d’insister auprès de notre chauffeur pour qu’il laisse partir le guide devant, mais il fait mine de ne pas comprendre et répond vaguement. Comme nous continuons d’insister, l’écart se creuse avec le guide, mais la direction reste la même. Nous lui demandons donc de s’arrêter puisqu’il n’y a rien à en tirer. Même l’arrêt est difficile à obtenir, Djé est obligé de s’approcher de sa tête et de lui hurler dans les oreilles pour qu’il daigne enfin s’arrêter. Et ce n’était pas un problème de langue.
Laissés à nous même en plein milieu de nulle part, nous ne sommes pas plus avancés. Apercevant des gens qui mangent dehors dans une ruelle, nous nous approchons pour leur demander notre chemin. Dans le lot, une table de quatre composée apparemment d’étudiants locaux nous propose de nous indiquer le chemin dans un Anglais d’une rare qualité, non-encore rencontrée jusqu’à présent à Bangkok.
Nous retournons vers Pat Pong, seul lieu que nous connaissions proche de là où nous avons été laissés. Nous marchons et commençons à prendre quelques gouttes sur le coin du nez. Nous passons devant un hôtel et continuons notre chemin bien que celui-ci représente un bon abris si la pluie s’intensifie. En marchant, nous lisons le Routard pour trouver notre lieu de distraction tant attendu. Nous sommes à 100m de l’hôtel et passant sous des arbres, la pluie se met à tomber en trombes d’eau hallucinantes.
- Trempés en 30 secondes
Premier réflexe, Arthur, Chris et moi retournons nous abriter sous l’avancée de l’hôtel. Pendant ce temps, Max et Djé se sont calés dans des encadrements de porte. Malgré notre empressement à retourner vers l’hôtel nous sommes tous les trois trempés de la tête aux pieds. Les deux autres, après dix minutes, nous rejoignent devant l’hôtel, la pluie toujours battante leur a réservé le même sort. Ensemble nous attendons que la pluie cesse, en parlant avec les employés de l’hôtel.
Une demi-heure plus tard, nous décidons de prendre un taxi, direction le Bossy. La discothèque rassemble des Thaïlandaises intéressées, aux mœurs douteuses, et des occidentaux, pour certains prêts à tout pour faire la fête. L’ambiance est survoltée, les danses sont endiablées. Tout cela dure jusque vers 4h du matin, lorsqu’une descente de police vient tout interrompre. Aucune idée du pourquoi de cette descente, nous prenons donc un taxi pour rentrer à notre Guest House. C’est la fin de notre première journée en Thaïlande à Bangkok.